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Diplômes en danger : éviter les pièges des écoles non reconnues

“Lui ? Il a fait une école de commerce.” Cette affirmation résonne désormais régulièrement dans nos échanges, tant le paysage éducatif s’est enrichi d’institutions se proclamant écoles de commerce.

Néanmoins, un fait surprenant demeure : parmi cette abondance d’offres en France, seules 38 écoles se distinguent par une labellisation officielle de l’État les déclarant comme écoles de commerce. Une réalité qui invite à une réflexion critique sur ce que signifie véritablement être une école de commerce reconnue.

À l’heure de l’interrogation sur la suite de votre parcours académique et professionnel, le choix d’une école devient primordial. Parmi les options disponibles, les écoles de commerce non reconnues par l’État veulent se présenter comme une alternative intrigante. Ces institutions proposent des cursus en gestion et commerce, souvent axés autour du marketing ou de la communication, en dehors du cadre traditionnel de reconnaissance étatique. Celles-ci peuvent avoir de lourdes répercussions sur votre avenir professionnel.

En dix ans, l’enseignement supérieur privé a gagné plus de 300 000 élèves, jouant parfois sur l’absence de réglementation des formations.

Il n’est, dans cet article, en aucun cas question de citer ou lister quelques-uns de ces organismes non reconnus, mais de vous donner les armes nécessaires pour reconnaître les pièges dans lesquels bons nombres de jeunes talents se font attirer.

Nous aborderons les informations phares à connaître, ainsi que les 6 questions à se poser pour reconnaître un établissement non reconnu.

Le vocabulaire des termes officiels d'études en management

LibellésApportsIntérêtsCibles
European Credit Transfer System (ECTS)Unité de mesure académique, valide les étapes du système LMD (1 semestre = 30 ECTS).Tout étudiant.
Titre RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles)Certification professionnelle non diplômante.Majoritairement les demandeurs d’emplois.
Conférence des Grandes Ecoles (CGE)Assure la qualité et la reconnaissance étatique des établissements accrédités.Tout étudiant en école de commerce.
LicenceGrade LicenceGrade LMD Bac+3, nécessaire pour accéder au Master.Tout étudiant souhaitant poursuivre des études supérieures.
Licence ProfessionnelleGrade Licence ou Titre RNCPLicence professionnalisante en 1 an.
Le grade de Licence est délivré si 120 crédits ECTS sont préalablement obtenus.
Ceux cherchant à entrer rapidement sur le marché du travail avec une spécialisation.
BachelorGrade Licence ou Titre RNCPLicence professionnalisante intégrant des stages.
Les bachelors des écoles reconnues par la CGE délivrent le grade Licence.
Pour une insertion professionnelle après le cursus.
Bachelor of Business Administration (BBA)Grade Licence de 240 ECTS (Bac+4)Formation longue, généraliste et professionnalisante d’écoles de la CGE, incluant des stages.Pour une entrée directe sur le marché de l’emploi ou la poursuite d’études.
MasterGrade de MasterGrade LMD post-Licence de niveau Bac+5, prépare à l’insertion professionnelle.Pour ceux visant une carrière professionnelle spécifique.
Master in Management (MiM) ou Programme Grande Ecole (PGE)Grade de MasterOffre une expertise générale avec la possibilité de se spécialiser en dernière année de Master.Pour obtenir une vue d’ensemble du management puis de choisir une spécialisation.
Master of Science (MSc)Grade Master ou Titre RNCPPermet de profiter du branding (renommée) d’une école et permet de se spécialiser.Etudiants post-licence ou post-Master ayant déjà une idée claire de leur spécialisation.
Mastère Spécialisé® (MS)Titre RNCP + Diplôme d’établissement (labellisé CGE)Permet de profiter du branding (renommée) d’une école, de se spécialiser dans un domaine précis, ou de se reconvertir.Etudiants post-Master ou jeunes professionnels cherchant à se spécialiser.
Grade Licence Master DoctoratGrade de DocteurDernier des 3 grades officiels dans l’enseignement supérieur français.Etudiants souhaitant faire de la recherche.

Reconnaissances et cadre réglementaire

La reconnaissance des écoles de commerce en France repose sur plusieurs piliers, dont la reconnaissance par l’État, les accréditations internationales et diverses formes de légitimité qui attestent de la qualité de l’enseignement et de la pertinence des diplômes délivrés. La reconnaissance étatique est souvent perçue comme un gage de qualité minimum, permettant aux établissements d’accueillir des boursiers et de délivrer des diplômes visés ou conférant un grade universitaire.

À côté de cela, des accréditations internationales comme EQUIS, AACSB ou AMBA offrent une reconnaissance globale, soulignant l’excellence académique et la compétitivité internationale des programmes.

Le cadre réglementaire encadrant la création et le fonctionnement des écoles est défini par plusieurs lois et normes, établies pour assurer la qualité de l’enseignement supérieur en France. La reconnaissance par l’État est octroyée après un audit approfondi de l’école, évaluant son fonctionnement, ses programmes, son corps enseignant, et sa gouvernance. Les écoles doivent respecter ces critères pour maintenir leur statut reconnu et garantir ainsi une offre éducative alignée sur les standards nationaux et internationaux de qualité. Cette réglementation vise à protéger les étudiants et assurer que les diplômes obtenus ouvrent effectivement les portes de carrières prometteuses, tout en contribuant à l’excellence du secteur éducatif français dans son ensemble.

Ainsi, une formation reconnue par l’Etat et le Ministère de l’Education Supérieure et de la Recherche s’inscrit dans la livraison d’un Grade LMD (Licence-Master-Doctorat), sans exception, ou disposant d’un des labels officiels suivants :

Ces distinctions jouent un rôle crucial car elles :

  • représentent la reconnaissance dans le domaine de l’enseignement supérieur,
  • assurent la pertinence pédagogique et la professionnalisation des cursus,
  • sont synonymes d’une employabilité durable, un indicateur fondamental d’un enseignement supérieur de qualité, reconnu par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ainsi que par des accréditations et classements de renom,
  • contribuent à l’essor international de l’enseignement supérieur français, offrant aux établissements détenteurs l’accès à un vaste réseau mondial.

Point d’attention : une « école reconnue par l’Etat » n’est en aucun cas synonyme de qualité. Cette reconnaissance signifie que l’État valide l’existence légale de l’école.

Comprendre les titres RNCP

Le Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) est un outil officiel qui répertorie l’ensemble des certifications professionnelles (et non des diplômes) reconnues par le Ministère du Travail.

Pour qu’une certification soit enregistrée au RNCP, elle doit répondre à plusieurs critères : pertinence par rapport au marché du travail, niveau de qualification (établi selon une échelle allant du niveau 3, équivalent CAP, au niveau 8, équivalent doctorat), et clarté des compétences enseignées. Les domaines de compétence couverts par le RNCP sont vastes, incluant aussi bien des secteurs traditionnels que des domaines spécifiques et émergents.

Pour inscrire une formation au RNCP, l’organisme de formation doit soumettre un simple dossier à France Compétences. Ce dossier doit démontrer la conformité de la formation aux besoins du marché, l’adéquation entre les compétences visées et celles enseignées, ainsi que l’efficacité des méthodes employées. Ainsi, n’importe quel établissement privé peut proposer la livraison de titres RNCP à travers ses formations, contrairement aux grades LMD.

Point d’attention : De nombreux établissements tendent à désigner leurs formations par des appellations plus attractives, telles que « Master, Mastère, Bac+5, M2 », etc. Cependant, il est important de comprendre que ce que vous recevrez effectivement sera un « titre » spécifique, et non l’intitulé commercial mis en avant.

Le RNCP, gage de qualité ?

Il est essentiel d’exercer une vigilance accrue concernant les formations dotées d’un titre RNCP. Bien que ces formations soient reconnues par le Ministère du Travail, elles n’offrent pas systématiquement la possibilité de poursuivre des études, ni la promesse de qualité. Effectivement, ces titres RNCP sont généralement reliés à une certification d’établissement, n’ayant aucune valeur aux yeux de l’Etat.

Ces cursus sont souvent assurés par des professionnels du secteur, mais ne favorisent pas nécessairement le développement de l’esprit critique ou de l’autonomie dans l’apprentissage. Avant de s’engager, il est conseillé aux étudiants de se renseigner sur l’établissement et le contenu des cours proposés.

Par ailleurs, la plupart des établissements délivrant des titres RNCP proposent la possibilité de suivre une formation en alternance, permettant au candidat de financer la formation onéreuse à l’aide de l’OPCO (Opérateur de Compétences) relié à son entreprise d’accueil. Cela ne doit pas être l’unique critère de choix, car cela ne garantit pas à lui seul la qualité et la reconnaissance du diplôme.

La multiplication des établissements ne délivrant que des formations qui délivrent des titres RNCP sur le marché de l’éducation appelle à la prudence. S’engager dans de telles formations, souvent coûteuses, représente un risque élevé sans assurance de qualité académique ou de débouchés professionnels. 

Les instances représentatives de l’enseignement supérieur incitent les étudiants et leurs familles à ne pas se laisser séduire sans vérifier au préalable la crédibilité et la qualité des formations envisagées. Il convient également aux décisionnaires d’entreprise de s’éduquer concernant la qualité des différents diplômes.

De plus, les écoles membres de la Conférence des Grandes Écoles (CGE)peuvent proposer additionnellement à leurs formations délivrant un grade LMD reconnu, des Mastères Spécialisés® (MS)ne délivrant qu’un titre RNCP et non un diplôme. Ceux-ci se distinguent cependant nettement des Mastères offerts par des institutions non reconnues. Ces programmes, strictement encadrés par le label CGE, garantissent une qualité d’enseignement et une reconnaissance professionnelle et académique significatives. Contrairement aux Mastères d’écoles non reconnues, ces programmes bénéficient du réseau et de la notoriété de leurs établissements, offrant des perspectives internationales et des opportunités de carrières privilégiées.

L’intitulé de Manager, non protégé

Le terme “Manager” est fréquemment utilisé dans le monde de l’enseignement supérieur, car généraliste, mais il est important de souligner qu’il n’est pas protégé. Cela signifie que contrairement à d’autres appellations, n’importe quelle institution peut se réclamer formateur de managers sans répondre à des critères précis de qualité ou d’accréditation. Dans ce contexte, le rôle d’organismes tels que la Conférence des Grandes Écoles (CGE), la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises de Management (CDEFM), et le label “Grande École” devient crucial. Ces entités travaillent à garantir un niveau d’excellence et de reconnaissance pour les formations qu’elles accréditent, offrant ainsi une assurance de qualité.

À titre d’exemple, le label d’ingénieur est étroitement protégé et ne peut être attribué qu’aux formations répondant à des normes strictes, principalement dispensées par des établissements publics ou des écoles privées à but non lucratif. Cette protection rigoureuse contraste avec le secteur des écoles de commerce, où la distinction entre véritables écoles de commerce et centres de formation se revendiquant comme tels peut être floue. 

Les “écoles de commerce” authentiques offrent un cursus complet et reconnu, visant à développer les compétences et connaissances nécessaires pour évoluer dans le monde professionnel. En revanche, certains centres de formation, bien que se désignant sous le même nom, peuvent ne pas offrir le même niveau de rigueur académique ou d’opportunités professionnelles, illustrant l’importance de la vigilance et de la recherche approfondie lors du choix d’une institution.

Point d’attention : Au sein d’un établissement, tous les diplômes ne bénéficient pas nécessairement d’un visa. En effet, un visa est accordé à un diplôme particulier, et il arrive que certaines écoles omettent de mentionner cette distinction cruciale.

Implications pour les Étudiants

Pour les étudiants, les conséquences de choisir une formation menant à un diplôme non reconnu par l’État peuvent être significatives et limiter leurs perspectives d’avenir. La poursuite d’études supérieures se trouve entravée, car un tel diplôme ne permet généralement pas l’accès aux Masters universitaires ou aux Programmes Grande École (PGE), qui exigent une reconnaissance officielle des qualifications antérieures. En termes d’opportunités professionnelles, la valeur d’un diplôme issu d’une école non reconnue est souvent questionnée par les employeurs, ce qui peut restreindre l’accès à des postes compétitifs et bien rémunérés sur le marché du travail.

De plus, les étudiants s’exposent à des risques financiers considérables, notamment l’endettement dû aux frais de scolarité élevés sans garantie de retour sur investissement. Les promesses d’emploi et de succès professionnel, souvent mises en avant par ces institutions, peuvent s’avérer non fondées, laissant les diplômés face à une réalité difficile et à des qualifications peu reconnues dans leur domaine. En résumé, choisir une école non reconnue peut compromettre non seulement l’évolution académique mais aussi l’insertion professionnelle des étudiants, les mettant face à des défis majeurs sans les prérequis nécessaires pour les surmonter efficacement.

Les 6 questions à se poser pour se prémunir

Pour éviter les écueils liés au choix d’une institution d’enseignement supérieur, les étudiants doivent faire preuve de vigilance et s’armer de prudence dans leur processus de sélection, à l’aide de simples mesures de précaution à travers des questions comme : 

  • L’établissement est-il éligible à délivrer des bourses sociales CROUS ? Cela peut être un indicateur fiable de la reconnaissance officielle de l’institution.
 
  • L’établissement propose-t-il des diplômes autres que des titres RNCP, des Bachelors ou des Mastères sans diplômes intégrés dans le système LMD reconnus par l’ÉtatLa prudence est de mise face à ces établissements.
 
  • L’école insiste-t-elle (trop) sur la présence de l’alternance dans ses formations ? L’alternance permet aux établissements non reconnus d’éviter certains critères de reconnaissances de qualité de formation.
 
  • Est-ce que l’école est reconnue par la Conférence des Grandes Écoles (CGE) ? Cette reconnaissance est un gage de qualité regroupant les écoles de commerce officielles reconnues par l’Etat. (Pour effectuer cette vérification, accéder à la liste officielle de la CGE et rechercher l’établissement souhaité)
 
  • Quels sont les classements nationaux et internationaux de l’école ? (SIGEM, Quacquarelli Symonds, Financial Times…). Même s’ils ne doivent pas être l’unique critère de choix, ils offrent des perspectives importantes sur la réputation et la légitimité de l’établissement. 
 
  • Quels témoignages d’alumni sont disponibles ? Les expériences partagées par les anciens étudiants fournissent des informations précieuses sur la qualité de l’enseignement, les débouchés professionnels et la valorisation des diplômes sur le marché du travail.