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CentraleSupelec rejoint l’initiative cruciale “Safe Place for Science”

Dans un monde où la science est parfois instrumentalisée ou censurée, la liberté académique se trouve menacée dans plusieurs pays. Aux États-Unis, certaines politiques récentes ont généré un climat d’incertitude, poussant des scientifiques à revoir leur avenir professionnel. Restrictions de financement, pressions politiques sur des thématiques sensibles (comme le changement climatique, l’égalité des genres, la bioéthique ou l’intelligence artificielle), censure sur des sujets de société : autant de freins à l’expression scientifique libre et rigoureuse.

Face à cette réalité, des institutions européennes prennent l’initiative de proposer des alternatives concrètes, en offrant aux chercheurs un environnement propice à la poursuite de leurs travaux dans le respect de l’éthique scientifique et des principes démocratiques.

CentraleSupélec : bastion d’excellence et d’indépendance

CentraleSupélec, institution de référence en ingénierie, sciences et technologies, incarne l’un des pôles de recherche les plus dynamiques de France. Née de la fusion de l’École Centrale Paris et de Supélec, elle s’inscrit dans le cadre de l’Université Paris-Saclay, classée parmi les meilleures universités mondiales.

L’école accueille plus de 5 400 étudiants, dont 3 800 élèves ingénieurs, et abrite 18 unités de recherche reconnues pour leur niveau d’expertise dans des domaines aussi variés que les systèmes intelligents, l’énergie, l’environnement, les matériaux avancés ou encore la santé numérique. Ses 1 200 chercheurs, enseignants et doctorants travaillent main dans la main avec des partenaires prestigieux comme le CNRS, le CEA, l’INRIA, l’INSERM et l’ONERA, ce qui garantit un écosystème scientifique d’une qualité exceptionnelle. Grâce à une approche résolument interdisciplinaire et tournée vers les grands défis de société, CentraleSupélec favorise l’innovation responsable et la création de savoirs à fort impact.

L’engagement de CentraleSupélec dans “Safe Place for Science”

En rejoignant l’initiative “Safe Place for Science”, initialement lancée par Aix-Marseille Université, CentraleSupélec affirme sa volonté de protéger la liberté scientifique et de soutenir les chercheurs confrontés à des difficultés dans leur pays d’origine. Cette adhésion ne se limite pas à un simple appui symbolique : un programme d’accueil structuré et ambitieux a été mis en place, doté d’un fonds de 3 millions d’euros, financé par la Fondation CentraleSupélec. Ce fonds permettra de financer :

  • Des tenure tracks (postes permanents ou semi-permanents) au rang de professeur ou assistant professeur
  • Des packages de bienvenue pour faciliter l’installation des chercheurs et de leur famille
  • Des chaires d’accueil permettant d’intégrer pleinement les nouveaux arrivants dans les unités de recherche de l’école

Les bénéficiaires auront accès aux plateformes technologiques de pointe, à un encadrement scientifique de qualité et à une communauté académique internationale. Cette initiative vise aussi à encourager des projets collaboratifs entre les nouveaux arrivants et les chercheurs de CentraleSupélec, renforçant ainsi le maillage scientifique européen.

Un signal fort pour l’indépendance de la recherche

Cette décision stratégique traduit une prise de position claire : la science ne peut progresser que dans un climat de liberté intellectuelle, de respect mutuel et d’indépendance académique. Selon Romain Soubeyran, directeur de CentraleSupélec, « à l’heure où les principes d’objectivité et de liberté scientifique semblent parfois remis en cause, notre école se devait de réagir. »

L’initiative permet aussi de positionner la France comme un acteur clé de l’attractivité scientifique mondiale, capable non seulement de former les meilleurs talents, mais aussi de les protéger lorsqu’ils sont fragilisés ailleurs. En accueillant ces chercheurs, CentraleSupélec enrichit son propre écosystème de compétences nouvelles et d’expériences internationales.

L’initiative “Safe Place for Science” répond à une urgence morale et scientifique. De nombreux chercheurs aux États-Unis, mais aussi dans d’autres pays, sont contraints d’interrompre leurs travaux à cause de pressions politiques, de coupures de financements ou de limitations imposées sur leurs objets d’étude. Il s’agit souvent de sujets sensibles mais cruciaux : climat, santé publique, égalité, justice sociale, etc.

En créant un refuge académique, la France envoie un message fort : la connaissance est un bien commun qu’il faut protéger. Ce n’est pas seulement une question de solidarité internationale, mais aussi une stratégie de souveraineté scientifique. En attirant des talents de haut niveau, les établissements français enrichissent leur potentiel d’innovation, renforcent leurs réseaux mondiaux, et participent activement à la résolution des grands défis contemporains.

Vers un nouveau modèle de coopération scientifique transatlantique

Le programme, tel qu’adopté par CentraleSupélec, représente bien plus qu’une réponse ponctuelle à une crise : c’est une affirmation des valeurs fondamentales de la science, à savoir liberté, rigueur, éthique et collaboration internationale. En garantissant un espace sécurisé et stimulant à ceux qui en ont besoin, cette initiative positionne l’école comme un acteur engagé dans la défense de l’indépendance académique.

Mais surtout, elle pourrait bien faire figure de modèle. Face aux défis géopolitiques, aux pressions idéologiques croissantes et aux incertitudes liées à certains contextes nationaux, d’autres établissements d’enseignement supérieur en France et en Europe pourraient suivre l’exemple de CentraleSupélec et d’Aix-Marseille Université.

Ainsi, la création de véritables réseaux européens de “safe places” pour la recherche pourrait devenir un levier stratégique, non seulement pour préserver la liberté scientifique, mais aussi pour attirer et retenir les meilleurs talents du monde entier. La science, dans ce qu’elle a de plus noble, mérite des lieux où elle peut s’épanouir librement. Et aujourd’hui, la France commence à les bâtir.