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HEC : Une école qui forge les figures de la vie publique

HEC Paris (l’école des Hautes Etudes Commerciales de Paris), institution souvent au cœur de la controverse, a pourtant façonné de nombreuses figures emblématiques de la vie publique française, parmi lesquelles François Hollande, le septième président de la République Française et premier alumni de l’école à atteindre ce rôle conséquent. L’ascension de Hollande à la présidence en 2012, après avoir été accueilli à l’Élysée par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, souligne l’influence notable que l’éducation peut avoir sur la trajectoire d’une carrière politique. Pourtant, le parcours d’Hollande à HEC n’a pas été perçu sans scepticisme, notamment en raison de l’image élitiste associée à l’école.

HEC et son influence en politique

HEC Paris jouit d’une réputation incontestée pour son excellence académique et son approche innovante de l’enseignement du commerce et de la gestion. Cependant, l’influence de HEC s’étend bien au-delà des salles de conseil d’administration et des marchés financiers, marquant de manière indélébile le paysage politique français. Au fil des décennies, HEC Paris est devenue une véritable pépinière pour la classe politique du pays, servant de tremplin à une impressionnante liste d’anciens élèves qui ont gravi les échelons vers des carrières politiques de premier plan. Cette trajectoire des diplômés de HEC vers les sphères du pouvoir met en lumière l’impact significatif que leur formation a eu sur leurs parcours professionnels, façonnant des leaders politiques équipés non seulement pour naviguer mais aussi pour influencer les complexités du gouvernement et de la gouvernance.

La formation à HEC, axée sur l’excellence, fournit aux étudiants un ensemble de compétences analytiques, stratégiques et de leadership extrêmement pertinentes pour une carrière dans la politique. De plus, le réseau étendu et influent d’HEC offre un accès inégalé à des contacts clés dans les cercles politiques, médiatiques et d’affaires, facilitant ainsi l’accès et le succès dans le domaine politique. Ces réseaux, tissés durant les années d’études et à travers les associations d’anciens élèves, servent souvent de catalyseurs pour des opportunités de carrière et des collaborations politiques.

Consciente de l’importance croissante de la symbiose entre les secteurs privé et public, HEC ne se contente pas de livrer des cours classiques aux étudiants aspirant à embrasser des carrières dans les affaires publiques, mais a conçu des parcours d’excellence pour ceux-ci. Parmi ces offres, plusieurs programmes se distinguent particulièrement, comme la majeure Prép’ENA, résultant d’une collaboration entre HEC, l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’ENS Ulm, le double diplôme Corporate and Public Management en partenariat avec Sciences Po Paris, ou encore le double diplôme Public Policy and Management, associant HEC Paris et la Freie Universität Berlin.

Cependant, le rôle de HEC en tant que creuset de la classe politique française n’est pas sans susciter des critiques. Certains observateurs s’inquiètent de la concentration de pouvoir entre les mains d’une élite formée dans un petit nombre d’institutions, y voyant un risque pour la diversité et l’inclusivité du débat politique. Cette perception d’une « voie royale » vers la politique, réservée à ceux issus des grandes écoles comme HEC, soulève des questions sur l’équité et l’accessibilité des carrières politiques en France.

De HEC à la vie publique : Trajectoires d'anciens élèves

La transition de HEC à la vie publique illustre le parcours remarquable de nombreux anciens élèves qui ont laissé une empreinte indélébile dans divers secteurs, notamment la politique, les organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres domaines publics. Parmi ces figures emblématiques, on peut mentionner Valérie Pécresse, ayant exercé des fonctions ministérielles avant de devenir la présidente de la région Île-de-France, ou encore Edith Cresson, première femme de la Ve République élue Première Ministre. Ainsi, il n’est pas rare d’observer la présence d’alumni de cette Grande Ecole au sein d’un gouvernement. En dehors du domaine politique strict, des personnalités comme Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal, ont utilisé leur plateforme pour promouvoir des initiatives de développement durable et de responsabilité sociale d’entreprise, montrant comment les compétences acquises à HEC peuvent servir à effectuer des changements positifs au-delà du secteur privé.

Ces trajectoires illustrent la diversité et la profondeur de l’impact que les anciens élèves de HEC peuvent avoir sur la société. En s’engageant dans des carrières au service du public, ils mettent en pratique les compétences en leadership, l’acuité stratégique et la pensée critique cultivées à HEC, démontrant un engagement envers le bien-être collectif et le progrès social.

1ere école de commerce : Pas dans le cœur de tout le monde

En adhérant au parti socialiste en 1979, François Hollande sait que son profil est apocryphe. Les membres du parti voient d’un mauvais œil ce jeune garçon de 25 ans qui sort d’une école où « étudient d’ordinaire les fils et les filles de cadres, de bourgeois et de patrons ».

Pourtant, c’est dans une conférence à HEC Paris que l’ancien député de Corrèze avouera sans gêne l’ambiance décontracté de l’époque qui contraste avec une école qui se veut exigeante et sérieuse.
“À cette époque, nous étions moins sages. Pourquoi ? Sans doute parce que nous étions plus impatients.”
Lors de cette intervention, l’ancien président souligne également que, dans un monde confronté à des enjeux climatiques et à une concurrence accrue, la sagesse et la lucidité des jeunes d’aujourd’hui sont à la fois une réponse et une stratégie de survie. Hollande a rappelé l’importance de l’engagement, pas seulement au niveau personnel ou professionnel, mais aussi dans une perspective plus large de contribution sociale et de solidarité. L’ancien président a ainsi encouragé les étudiants à s’engager pour le bien commun, insistant sur la responsabilité qu’ils portent envers la société, en particulier envers les moins privilégiés. Cette perspective implique une reconnaissance de la dette sociale des étudiants privilégiés et les appelle à agir pour une société plus équitable et unie.

Si l’on reprocha au Président son passage à HEC, ce n’est pas pour rien. Grand nombre d’anciens élèves se sont d’ailleurs donné le plaisir de critiquer l’école de commerce dont la gloriole et les élèves salonnards -selon les témoignages- n’ont pas finit d’alimenter les moqueries.

En exemple, l’écrivaine Florence Noiville publie en 2009, J’ai fait HEC et je m’en excuse, un panflet sur les dérives et l’enseignement de l’école.
Celle-ci critique vivement HEC Paris, en présentant l’école comme une institution qui, malgré les crises économiques et sociales, continue de favoriser une formation axée sur la maximisation du profit sans véritable considération éthique. Elle argumente que les changements apportés après la crise financière de 2008 sont superficiels, avec l’introduction de cours optionnels sur l’éthique et le social business qui ne touchent qu’une minorité d’étudiants. Ces critiques soulignent un décalage entre l’image prestigieuse de l’école et la réalité de ses enseignements et de ses valeurs, remettant en question l’efficacité de son approche pédagogique dans la préparation des étudiants aux défis contemporains

HEC : Un bilan positif ?

L’école se trouve aujourd’hui à un carrefour critique, entre prestige historique et défis contemporains. À l’instar du célèbre cimetière du Père Lachaise, réputé pour les personnalités illustres qui y reposent, pourrait-on dire que la renommée d’HEC repose davantage sur le prestige de ses anciens élèves que sur sa valeur intrinsèque actuelle ?

L’école est souvent pointée du doigt, ce qui pourrait influencer négativement sa réputation. En outre, une enquête interne menée en 2018 par l’association QPV HEC a révélé des perceptions troublantes de sexisme au sein de l’école, avec 80 % des étudiantes et 62 % des étudiants participant à l’étude qui ont jugé les traditions de l’établissement “sexistes ou très sexistes”. Parallèlement, le journaliste Iban Raïs rédige en 2021 « La Fabrique des Elites », ouvrage traitant des pratiques dégradantes et débordements au sein de l’institution.

Néanmoins, HEC Paris continue de briller à l’international, s’affirmant en tête des classements des meilleures écoles de commerce mondiales, notamment grâce à son Master in Management (MiM) très prisé. Cette stature internationale ouvre la voie à une possible renaissance et à un changement positif au sein de l’école dans les prochaines années. En accueillant potentiellement de futurs acteurs de la scène politique parmi ses rangs, HEC a l’occasion de réinventer son image et de s’orienter vers un futur marqué par la confiance, le respect mutuel et l’équité au cœur de sa communauté étudiante. Il reste à observer comment l’école évoluera pour préserver son prestige tout en s’alignant sur les valeurs et attentes contemporaines de la société.