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Élisabeth Borne : parcours, fortune, ambitions

D’abord Ministre des Transports, puis Ministre de la Transition écologique et enfin Ministre du Travail, Élisabeth Borne a franchi les échelons de la politique française avec une détermination sans faille, jusqu’à devenir la deuxième femme à occuper le poste de Première ministre après Édith Cresson. Surnommée par certains « la Margaret Thatcher française » pour sa fermeté, elle s’est notamment distinguée lors de la polémique réforme des retraites en 2022. Retour sur le parcours exceptionnel d’une femme au destin hors du commun.

Une enfance marquée par la résilience

Les racines d’Élisabeth Borne plongent dans une histoire empreinte de tragédie et de courage. Née à Paris en 1961, elle est élevée par sa mère Marguerite, pharmacienne, après avoir perdu son père Joseph, un ancien résistant juif d’origine russe, qui avait survécu aux horreurs d’Auschwitz. Lorsqu’elle n’a que onze ans, le suicide de son père bouleverse sa vie, mais forge aussi son caractère. Plutôt que de sombrer, Élisabeth canalise sa douleur dans une soif de réussite. Élève brillante, elle suit sa scolarité à l’institution de la Providence à Paris, puis au lycée Janson-de-Sailly de 1977 à 1981, où elle obtient son baccalauréat. Elle poursuit ensuite en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), avant d’intégrer l’École polytechnique en 1981. Diplômée en 1986 du cycle ingénieur de l’École nationale des ponts et chaussées, elle complète son cursus par un MBA au Collège des ingénieurs.

Un parcours professionnel d'une grande richesse

Élisabeth Borne entame sa carrière en 1987 au ministère de l’Équipement, avant de rejoindre la direction régionale de l’Équipement d’Île-de-France en 1989. Au début des années 1990, elle devient conseillère au ministère de l’Éducation nationale, d’abord auprès de Lionel Jospin, puis de Jack Lang. Après un passage chez Sonacotra (renommée Adoma en 2007) comme directrice technique, elle intègre en 1997 le cabinet de Lionel Jospin à Matignon, où elle est conseillère technique chargée des transports pendant cinq ans. En 2002, elle est nommée directrice de la stratégie à la SNCF, avant de rejoindre la société Eiffage en 2007 en tant que directrice des concessions. De 2008 à 2013, elle occupe le poste de directrice générale de l’urbanisme à la mairie de Paris sous le mandat de Bertrand Delanoë.

En 2013, Élisabeth Borne devient la première femme préfète de la région Poitou-Charentes et préfète de la Vienne. Cette nomination marque un tournant dans sa carrière, témoignant de la reconnaissance de ses compétences. Le 1er mai 2015, elle succède à Pierre Mongin à la tête de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), où elle se distingue par des initiatives fortes, comme l’annonce du recrutement de 3 000 nouveaux collaborateurs en 2016. Elle dirige la RATP jusqu’en août 2017, lorsqu’elle est remplacée par Catherine Guillouard, pour entrer pleinement dans la sphère gouvernementale sous la présidence d’Emmanuel Macron.

Des débuts discrets mais prometteurs au service de l’État

Malgré un CV impressionnant, Élisabeth Borne n’accède pas immédiatement à la sphère politique de premier plan. Elle débute comme conseillère dans divers ministères, notamment ceux de l’Éducation et des Transports, avant de véritablement se faire un nom sous la présidence d’Emmanuel Macron. En 2014, sa nomination au poste de directrice de cabinet au ministère de l’Écologie marque un tournant. Travaillant étroitement avec Ségolène Royal, elle se forge une réputation de femme de poigne, surnommée la « dame de fer ». Royal se souvient d’elle comme d’une collaboratrice intransigeante, capable de faire pleurer ses subordonnés, mais aussi d’obtenir des résultats concrets.

En 2017, sa carrière prend un nouveau virage lorsque Emmanuel Macron, tout juste élu, la choisit comme Ministre des Transports. Là, son caractère inflexible et sa maîtrise des dossiers la propulsent sur le devant de la scène. Mais c’est durant le second mandat de Macron, en tant que Première Ministre, qu’elle s’impose véritablement. Chargée de la délicate réforme des retraites, Borne montre une ténacité à toute épreuve, n’hésitant pas à utiliser l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer une réforme impopulaire mais cruciale selon elle. Cette mission, bien que controversée, renforce son image de leader capable de mener à bien des projets difficiles.

Et maintenant, quel avenir pour Élisabeth Borne ?

En 2024, après avoir passé le relais de la Primature à Gabriel Attal, Élisabeth Borne continue de s’investir dans la vie politique comme députée du Calvados. Réélue avec succès lors des législatives, elle reste une figure incontournable du paysage politique. Plus récemment, sa candidature à la présidence de Renaissance a ouvert la porte à des spéculations sur ses ambitions futures, notamment en vue de 2027.

Élisabeth Borne incarne une forme de résilience et de détermination rares en politique. Son parcours, jalonné d’épreuves et de réussites, inspire autant qu’il impose le respect. Femme de conviction, elle continue de façonner la scène politique française, laissant présager un avenir encore riche en surprises.